Récemment en Italie, une décision a suscité de nombreux débats : la désignation du CBD comme stupéfiant. Elle a été contestée par un décret visant à ne plus classer les préparations orales à base de CBD parmi les stupéfiants. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet brûlant dans notre article sur le CBD en Italie.
L’italie classe le CBD comme stupéfiant au mois d’août
Le décret du 7 août 2023, signé par l’actuel ministre italien de la Santé, Orazio Schillaci, a rétabli la validité du décret du 1er octobre 2020 :
- Le CBD a été inclus dans le tableau des “substances narcotiques actives, y compris les substances pharmaceutiquement actives actuellement utilisées à des fins thérapeutiques humaines ou vétérinaires” annexé à la loi omnibus sur les stupéfiants (TUS, décret présidentiel 309/90),
- Le ministre par intérim, Roberto Speranza, a lui-même pris un décret le 28 octobre 2020, le suspendant avec effet immédiat car “l’affaire nécessite une étude plus approfondie de nature techno-scientifique. En effet, comme indiqué dans “les stupéfiants comme stipulé dans la loi consolidée”.
Des raisons incohérentes
Le ministre Orazio Schillaci a inclus le CBD dans la liste des substances actives stupéfiantes pour des raisons inexistantes, dont la question fondamentale est : le cannabidiol est-il une substance stupéfiante, ou présente-t-il de toute façon un risque réel pour la santé publique ? À cet égard, il convient de souligner que :
- La Cour a clairement indiqué que “les autorités nationales doivent démontrer dans chaque cas concret que leur législation est nécessaire à la protection efficace des intérêts considérés par l’État, sur la base des résultats de la recherche scientifique internationale”, notamment la commercialisation du produit en cause pour la santé publique constitue un risque réel, qui doit être soigneusement évalué (arrêt du 28 janvier 2010, Commission c. France, C-333/08, EU:C:2010 : 44, points 87 et 88).
- Le décret du 7 août 2023 fait référence à l’avis de la “Note de l’Institut Supérieur de Santé du 6 novembre 2020, dans lequel : “en résumé, afin de répondre à la question posée, il est souligné que les études dont disposent les dates recommande généralement l’utilisation de doses minimales et évalue la relation sous contrôle médical”
- Risque/Récompense. L’analyse de la littérature a conclu qu’elles ne fournissent aucune information sur les effets secondaires (par exemple somnolence, effets psychotropes) selon les différentes doses, les différents modes d’absorption (oral, inhalé), l’âge, le sexe et la physiopathologie et les caractéristiques du consommateur.
Politique italienne
La position exprimée par le gouvernement Meloni à travers ce décret a une matrice politique claire, que l’on pourrait décrire comme :
- loin des agriculteurs et des opérateurs qui investissent dans la chaîne d’approvisionnement industrielle (non médicinale) du cannabis en Italie sous la bannière de l’agroécologie et de la durabilité,
- loin des citoyens d’Italie, d’Europe et d’autres parties du monde qui apprécient le cannabis et ses dérivés, disponible pour un usage alimentaire ainsi que pour des utilisations phytothérapeutiques non narcotiques à un coût bien inférieur à celui des produits Big Pharma,
- au service en tant que lobbyiste pour Big Pharma. Depuis de nombreuses années, ils travaillent pour obtenir des droits légaux exclusifs de distribution de phyto cannabinoïdes naturels et synthétiques à Rome et à Bruxelles,
- en continuité avec les administrations précédentes. L’actuel vice-Premier ministre lui-même, dans le premier gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, était responsable de la fuite des investissements de la chaîne d’approvisionnement italienne en cannabis en 2019. Roberto Speranza, ministre du gouvernement de Mario Draghi, a proposé le décret, qui est désormais de nouveau en vigueur.
Octobre : le tribunal administratif régional suspend le décret classant le CBD comme “stupéfiant”
Le Tribunal administratif régional du Latium (TAR) a suspendu le décret plaçant les préparations orales de CBD au tableau des stupéfiants.
La suspension est une initiative initiée par ICI (Imprenditori Canapa Italia), qui a déposé un recours auprès du tribunal administratif régional du Latium le 03 octobre avec l’aide du cabinet d’avocats Prestige Legal & Advisory.
La suspension préventive de l’ordonnance sur le CBD intervient après que le département ait connu des saisies injustifiées, même de produits non liés au CBD (comme des fleurs ou des cosmétiques) dans plusieurs magasins après son entrée en vigueur. Ce qui est dit dans le statut.
“Afin d’éviter des dommages graves et irréparables à l’ensemble du secteur, le TAR Lazio a approuvé la demande de suspension des 7.8 DM par le décret n° 6652/2023 du 05 octobre 2023 établi par l’ICI”, a expliqué Raffaele Desiante, président de l’ICI. Les collègues de DolceVita Online ajoutent que la motivation était la suivante : “Ayant cela à l’esprit, compte tenu des déductions tirées jusqu’à présent dans le recours et des documents joints prouvant que l’entreprise a été saisie et fermée, il est jugé approprié de se conformer aux dispositions du Code de procédure civile. Les conditions d’approbation de la demande de prévention de la tyrannie au titre de l’article 56 sont pendantes devant la formation collégiale”.
En conséquence du décret susmentionné, l’arrêté ministériel classant les préparations orales de CBD comme stupéfiants est suspendu jusqu’à son examen à la chambre parlementaire.
Le 14 février, le TAR Lazio a confirmé la légalité de l’utilisation de la partie supérieure de la plante, connue sous le nom de fleur de cannabis, conformément à la loi italienne (n° 242 de 2016) et aux réglementations européennes et internationales.
L’avocat Giacomo Bulleri a souligné : “Même en tenant compte de ce qui s’est passé depuis son entrée en vigueur, la suspension est justifiée, en saisissant tout sans discernement, y compris les fleurs, les huiles et les produits”. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une mesure anti-mesure scientifique, car cela n’a aucun sens de l’inclure dans la liste des stupéfiants alors qu’il peut être considéré comme une drogue, et deuxièmement, elle est anti-légale car les règles de l’UE doivent être respectées. L’Europe est engagée dans un processus d’ajustement ; un retour en arrière ne contribuera donc pas à stabiliser le marché.”
La décision de la communauté autonome du Latium marque une étape importante dans le débat sur la réglementation du CBD en Italie. Cela soulève des questions critiques concernant la classification du cannabidiol et son accessibilité au public.
Rappel sur les effets potentiels du CBD
On entend beaucoup parler des effets bénéfiques sur la santé du CBD : quels sont-ils ? Sont-ils scientifiquement prouvés ?
Soulager la douleur et l’inflammation chronique
Le CBD pourrait aider les personnes souffrant de douleurs chroniques et d’inflammations. Par exemple, le CBD possèderait des propriétés anti-inflammatoires qui interagissent avec l’organisme, selon une étude réalisée en 2016 sur des animaux et publiée dans Clinical Hemorheology and Microcirculation. Sous forme d’huile et par massage, le CBD soulagerait les douleurs causées par les affections rhumatismales comme l'arthrose.
Pour les migraines récurrentes, le CBD pourrait réguler la douleur. Selon l’Académie européenne de neurologie, les molécules du chanvre sont plus efficaces que certains médicaments traditionnels pour réduire la fréquence et l’intensité des migraines.
Enfin, le CBD serait également bénéfique pour des douleurs musculaires comme la fibromyalgie, mais le nombre d’études sur le sujet est encore faible et ne permet pas de l’affirmer avec certitude.
Réduire l’anxiété et le stress
Quand on apprend que, selon l’assurance maladie, 20 % de la population souffre de troubles anxieux, une solution naturelle et sans effets secondaires notables serait une bonne nouvelle. Les troubles anxieux peuvent être très handicapants au quotidien. Ils se manifestent de différentes manières : crises de panique, phobie sociale, trouble obsessionnel-compulsif TOC, etc. Les personnes présentant ces symptômes sont souvent orientées vers des médicaments antidépresseurs, qui ont des effets secondaires indésirables.
Ainsi, se faire plaisir avec du CBD, composé de molécules naturelles, serait un véritable pas vers la réduction du stress.
Amélioration du sommeil
Malgré leur popularité croissante, il n’a pas été prouvé que les tisanes et les huiles de cannabis favorisent le sommeil. Effet placebo ou effet réel, là encore il a été étudié pour prouver s’il aide à un sommeil réparateur.
Traitement des troubles neurologiques
En ce qui concerne les crises d’épilepsie, les choses sont différentes, puisque le CBD semble commencer à faire ses preuves à travers différentes études. Par exemple, selon une étude américaine menée en 2016, 43 % des patients ayant pris du CBD et du médicament Epidiolex ont connu une réduction de 50 % des crises, contre 27 % des patients ayant pris un placebo. Les résultats sont très encourageants, mais doivent tout de même être interprétés avec prudence. En effet, ils ne s’appliquent qu’aux personnes atteintes du syndrome de Dravet, une forme génétique grave d’épilepsie infantile.
Pour la maladie de Parkinson, l’efficacité du CBD n’a pas encore été prouvée, même si des recherches sont en cours. Il faut donc être vigilant à ce sujet et ne pas se soigner soi-même.
Enfin, pour les personnes atteintes de sclérose en plaques, les recherches ont été lentes en raison des restrictions légales. Cependant, il a été démontré que les patients ayant consommé du CBD ont constaté une réduction des spasmes et de la douleur, ce qui est plutôt prometteur.
Conclusion
En résumé, la classification du CBD comme stupéfiant a suscité débats et controverses en Italie. Un récent décret suspendant cette classification a soulevé des questions sur le fondement scientifique de la décision. Bien que le CBD ait été loué pour ses effets thérapeutiques potentiels, sa réglementation en Italie reste un sujet brûlant, soulignant la nécessité d’un examen minutieux et d’une réglementation cohérente.